Assumer une perte de revenus n’est pas une exception, c’est la règle silencieuse de l’arrêt maladie en France. La Sécurité sociale ne couvre jamais la totalité du salaire dès le premier jour d’absence pour maladie. L’indemnisation dépend de la durée de l’arrêt, de l’ancienneté dans l’entreprise et de la convention collective applicable. Certaines garanties complémentaires prennent le relais, mais leur mise en place suppose le respect de démarches précises.
Les délais de carence, les justificatifs à fournir et la coordination entre employeur et assurance maladie compliquent souvent la procédure. Un salarié risque, sans anticipation, de voir sa rémunération amputée, parfois durablement.
Arrêt maladie : ce que cela change vraiment pour votre salaire
Être placé en arrêt maladie, c’est voir la mécanique salariale se dérégler d’un coup. L’absence, même brève, fait surgir la question du salaire journalier : combien, qui paie, et quand ? La Sécurité sociale ne compense qu’une partie du salaire brut habituel. Pour établir le montant des indemnités journalières, tout part du salaire journalier de référence : la moyenne des salaires bruts des trois mois précédant l’arrêt, primes incluses, mais jamais au-delà de 1,8 fois le Smic. Ce chiffre devient la base de calcul pour toute la durée de l’arrêt.
Dans la plupart des cas, une perte de salaire s’installe : la Sécurité sociale verse environ la moitié du salaire journalier de référence. Pour les salariés bénéficiant d’un maintien de salaire conventionnel ou d’une prévoyance, ce montant peut être complété, à condition de respecter les conditions d’ancienneté et de fournir l’ensemble des justificatifs demandés. Inutile d’espérer un versement automatique : chaque cas est examiné à la loupe, et le moindre oubli de document peut retarder ou amoindrir la compensation.
Pour les arrêts de longue durée, notamment en cas d’affection de longue durée (ALD), le mode de calcul reste identique, mais la période d’indemnisation s’allonge. Là encore, les compléments éventuels de l’employeur ou d’un contrat de prévoyance sont soumis à conditions.
Voici les trois points de repère pour comprendre le passage de la fiche de paie à l’indemnisation :
- Salaire journalier de référence : moyenne des trois derniers mois bruts, primes incluses.
- Indemnités journalières Sécurité sociale : 50 % du salaire journalier, limitées à 52,36 euros par jour en 2024.
- Complément employeur/prévoyance : montant variable selon la convention collective et l’ancienneté.
Vigilance, donc, sur chaque étape du calcul : relisez attentivement bulletins de paie, montants d’indemnités journalières et éventuels compléments. Les premiers versements sont souvent source d’erreurs ou d’incompréhension.
Qui paie quoi ? Comprendre le rôle de la Sécurité sociale, de l’employeur et de la complémentaire
Lors d’un arrêt de travail pour maladie, trois acteurs se partagent la facture : la Sécurité sociale, l’employeur et, selon votre situation, la complémentaire (mutuelle ou prévoyance). Chacun intervient à sa manière, selon un ordre et des règles précises qui conditionnent le maintien du salaire.
La Sécurité sociale, via l’assurance maladie, verse d’abord les indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS). Le calcul se fait sur la même base : 50 % du salaire journalier de référence des trois derniers mois, plafonnés selon la réglementation annuelle. Ces IJSS ne couvrent qu’une part du revenu, laissant un écart parfois significatif.
L’employeur peut intervenir ensuite, mais pas systématiquement. Le droit au complément s’ouvre seulement si le salarié remplit les critères définis par le code du travail ou la convention collective : ancienneté, rapidité de la transmission du certificat médical, absence de temps partiel thérapeutique. Ce complément permet parfois d’atteindre 90 % du salaire brut, puis 66,66 % sur une durée variable, mais toujours sous conditions. Il est donc indispensable d’examiner les spécificités de votre convention collective et de votre contrat de travail.
Reste la complémentaire santé ou la prévoyance, qui peuvent intervenir pour compenser ce qui manque. Certains accords collectifs imposent un complément systématique, d’autres contrats individuels assurent un maintien du salaire net, là encore sous réserve de conditions précises.
Pour mieux visualiser la répartition des rôles, voici les principaux acteurs et leurs responsabilités :
- Sécurité sociale : indemnités journalières plafonnées, déclenchées après délai de carence.
- Employeur : maintien partiel ou total du salaire selon ancienneté et accords collectifs.
- Complémentaire : prise en charge du reste, selon le contrat souscrit.
L’articulation de ces dispositifs fait toute la différence. Consultez votre convention collective, interrogez votre service RH et vérifiez la couverture prévue par votre mutuelle. Les disparités d’un secteur à l’autre sont notables et peuvent transformer radicalement le niveau de prise en charge.
Durée de l’arrêt, carence, maintien de salaire : à quoi s’attendre selon votre situation
La durée de l’arrêt maladie modifie en profondeur le niveau d’indemnisation. Les premiers jours, ce sont les règles de carence qui s’appliquent : trois jours sans indemnité dans le privé. Cette carence disparaît en cas de maladie professionnelle ou d’accident du travail, où la prise en charge démarre dès le premier jour. Les règles changent pour les agents publics, qui bénéficient le plus souvent du maintien de leur traitement, puis du demi-traitement si l’arrêt se prolonge.
Le versement d’un complément par l’employeur n’est jamais automatique : il suppose une ancienneté d’au moins sept jours et le respect de conditions propres à chaque convention collective. Les modalités varient selon le contrat de travail et la branche d’activité. D’un secteur à l’autre, le montant et la durée du maintien du salaire diffèrent sensiblement.
Pour clarifier les principaux cas de figure, les dispositifs sont les suivants :
- En cas de maladie ordinaire : trois jours de carence, indemnités journalières, puis complément possible selon l’ancienneté.
- En cas de maladie professionnelle ou d’accident du travail : aucune carence, indemnités journalières immédiates.
- Pour les agents publics : traitement maintenu sous conditions, puis demi-traitement après un certain délai.
Les conventions collectives peuvent prévoir des garanties supérieures ou se limiter au minimum légal. Informez-vous sur les règles spécifiques à votre secteur : la prise en charge peut passer du simple au double selon la branche d’activité ou l’ancienneté.
Les démarches et documents à fournir pour être indemnisé sans stress
Tout commence chez le médecin traitant, qui rédige l’arrêt maladie sur un formulaire dédié. Il faut ensuite transmettre ce document à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et à l’employeur dans les 48 heures. Ce délai est impératif : un envoi tardif peut entraîner une baisse, voire un refus d’indemnisation. Les salariés doivent remettre le volet 3 du certificat à l’employeur, les volets 1 et 2 à la CPAM.
Pour que le dossier soit recevable, plusieurs justificatifs sont exigés. Voici la liste des pièces à rassembler :
- Le certificat médical d’arrêt de travail (original ou transmis par le médecin).
- Les bulletins de paie des trois derniers mois précédant l’arrêt.
- Un relevé d’identité bancaire (RIB).
- Parfois, un justificatif de situation : attestation de salaire remplie par l’employeur.
L’employeur joue un rôle déterminant : il transmet à la CPAM l’attestation de salaire, sans laquelle aucun versement d’indemnité n’est possible. Pour les indépendants et demandeurs d’emploi, la transmission de l’arrêt s’effectue directement auprès de l’assurance maladie, accompagnée des justificatifs de revenus.
Des contrôles ponctuels peuvent survenir. Le médecin-conseil de la CPAM est en droit de demander des documents complémentaires ou de convoquer l’assuré. Pour éviter tout blocage administratif, conservez soigneusement tous les échanges et justificatifs. Organiser ses papiers, c’est garantir la rapidité du versement des indemnités journalières.
Un arrêt maladie ne s’improvise pas : ce sont la préparation et la rigueur dans les démarches qui feront la différence entre une indemnisation fluide et des semaines d’attente. La sécurité du revenu tient à ce fil invisible, tendu entre règlementation sociale et vigilance individuelle.


