Un engourdissement persistant dans les doigts n’est pas nécessairement lié à un effort intense ou à l’âge. Certains employés actifs déclarent des raideurs articulaires après seulement quelques mois sur leur poste, sans facteur de risque évident. L’absence de douleur aiguë ne garantit pas l’absence de lésion.
Des symptômes discrets, comme une sensation de lourdeur ou des fourmillements, précèdent souvent les complications. Des diagnostics tardifs augmentent la durée d’arrêt de travail et ralentissent la récupération. La vigilance face à ces signaux limite le risque d’aggravation et favorise une intervention précoce.
Les troubles musculo-squelettiques : de quoi parle-t-on vraiment ?
Oubliez le flou des appellations : les troubles musculo-squelettiques (TMS) forment désormais le premier motif de maladie professionnelle recensé en France. Ce terme, parfois galvaudé, recouvre en réalité une famille bien précise d’atteintes qui pèsent sur le quotidien de millions de travailleurs. Concrètement, un TMS s’attaque à nos articulations, nos muscles, nos tendons et nos nerfs. Rien d’abstrait ici : les parties du corps mobilisées sans relâche, mains, poignets, épaules, coudes, encaissent le plus, mais le dos, le cou, les genoux ou encore les pieds ne sont pas à l’abri.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 87 % des cas de maladies professionnelles déclarés relèvent des TMS. Trois salariés sur cinq y seront confrontés au fil de leur parcours. Ce spectre inclut le syndrome du canal carpien, les atteintes de la coiffe des rotateurs à l’épaule, ou encore l’épicondylite latérale qui ronge le coude. Ces pathologies sont répertoriées dans le tableau 57 des maladies professionnelles, ce qui ouvre la voie à leur reconnaissance et à leur indemnisation.
Les statistiques restent implacables. Les mains et les poignets totalisent près de 38 % des cas, les épaules suivent (30 à 31 %), puis viennent les coudes (22 %). Le dos, souvent évoqué, n’apparaît que dans 7 % des dossiers. Les genoux, eux, restent plus rarement concernés : autour de 2 %.
Pour y voir plus clair, voici une présentation concrète des affections les plus courantes :
- Canal carpien : engourdissement, fourmillements, perte de dextérité.
- Coiffe des rotateurs : douleurs nocturnes, difficulté à lever le bras.
- Épicondylite latérale : douleur à la saisie, gêne à l’extension du poignet.
Être reconnu victime d’un TMS ne relève pas du détail administratif. La procédure enclenche une prise en charge globale, enclenche des mesures de prévention et rend possible une réparation adaptée, sous le regard vigilant de la médecine du travail.
Quels signes doivent alerter face à un possible TMS ?
Les premiers indices s’invitent souvent sans fracas : douleurs persistantes lors de gestes répétés, gêne localisée sur une articulation ou un muscle sollicité. Parfois, la gêne ne s’évanouit pas au repos, elle se renforce au retour au travail, finit par s’ancrer. Ce tableau, typique des troubles musculo-squelettiques, impose de ne pas banaliser ces signaux.
Mais la douleur n’est pas la seule sentinelle. D’autres symptômes doivent retenir l’attention :
- Raideur articulaire, le matin ou après un temps sans bouger.
- Perte de force musculaire, avec des gestes simples qui deviennent laborieux.
- Maladresse inhabituelle : tenir un stylo, manipuler un outil, ces actions deviennent incertaines.
- Gonflement localisé, souvent autour du poignet ou du coude.
Les mains, épaules et coudes sont les zones où ces signes se manifestent le plus. Le syndrome du canal carpien se dévoile par des fourmillements dans les doigts ou des sensations de décharge électrique, surtout la nuit. Pour la coiffe des rotateurs, c’est la douleur nocturne, la difficulté à lever le bras, la restriction de mouvement qui inquiètent. L’épicondylite latérale du coude, chez les travailleurs manuels, se traduit par une douleur à l’extension du poignet ou à la prise d’un objet.
Face à ces alertes, identifier rapidement le problème change tout pour la suite : diagnostic, traitement, prévention d’une aggravation. Laisser traîner une gêne récurrente, c’est courir le risque d’installer une douleur chronique ou de perdre partiellement l’usage d’un membre.
Prévention au quotidien : adopter les bons réflexes pour protéger sa santé au travail
L’apparition d’un trouble musculo-squelettique (TMS) ne doit rien au hasard. Geste répété, posture inadaptée, port de charges, mais aussi organisation du travail déficiente, absence de pauses, cadences accélérées, horaires déstructurés, et climat psychosocial difficile, stress, manque de reconnaissance, forment un cocktail propice. Quand ces contraintes s’installent, l’atelier, le bureau ou l’entrepôt deviennent des terrains fertiles pour les TMS, première cause d’absentéisme salarié.
Pour mieux se protéger, il est judicieux d’ajuster ses conditions de travail. L’ergonomie devient alors une alliée précieuse : régler la hauteur du plan de travail, choisir un siège adapté au maintien du dos, organiser l’espace pour limiter les mouvements inutiles. S’accorder des pauses actives, même brèves, permet de relancer la circulation musculaire et d’éviter la rigidité.
Voici quelques leviers à activer concrètement :
- Formation aux techniques sûres de manutention
- Analyse ergonomique du poste
- Échanges réguliers avec la médecine du travail
Travailler de concert avec le médecin du travail, un kinésithérapeute ou un ergothérapeute change la donne. Ce trio déniche les risques, propose des ajustements sur-mesure et accompagne la reprise après un arrêt. Certaines entreprises font appel à des structures dédiées, comme K3W, pour une évaluation fine des situations, des conseils personnalisés et des formations ciblées.
La lutte contre les TMS ne s’improvise pas. Elle s’ancre progressivement, portée par une véritable culture de la santé et la sécurité au travail. Chacun, employeur comme salarié, a un rôle à jouer pour que les gestes du quotidien ne se transforment pas en blessures durables. À la clé : moins d’arrêts, plus de confort, et surtout, une vie professionnelle qui ne rime pas avec douleurs.